Le mort qui tue by Souvestre Pierre

Le mort qui tue by Souvestre Pierre

Auteur:Souvestre, Pierre [Souvestre, Pierre]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature Française, Policier
Éditeur: Gouzibibliothèque
Publié: 2012-01-11T14:16:50+00:00


14 – UN APPEL DE QUI ?

Bénéficiant d’une faveur spéciale, mais évidemment légitimée par les innombrables bienfaits qu’elles rendent à l’humanité souffrante, les religieuses de l’ordre de Saint-Augustin n’ont pas été expulsées à la suite des décrets.

Le vaste couvent de la rue de la Glacière continue à servir d’abri et d’asile aux saintes femmes comme aux malades qu’elles hospitalisent. Depuis près d’un siècle les générations d’habitants qui se sont succédé dans le voisinage n’ont cessé d’entendre la cloche grave du couvent sonner les heures du jour et de la nuit, de même que le carillon aigrelet de la chapelle n’a jamais manqué de rappeler aux fidèles les offices quotidiens auxquels se rendent régulièrement les religieuses de la congrégation.

Rue de la Glacière, dans ce vaste quartier peuplé d’hôpitaux et de prisons, le couvent des Dames Augustines se présente, rébarbatif, sous la forme d’un haut mur noir qui se prolonge sur plusieurs centaines de mètres.

Une grande porte cochère percée d’un guichet grillagé est la seule ouverture de la maison de retraite sur le monde extérieur. Elle s’entrebâille rarement, ne s’ouvre jamais toute grande, c’est bien la séparation théorique et de fait entre les manifestations de la vie moderne et l’existence de paix et de repos du couvent.

Vers dix heures et demie du matin, Jérôme Fandor, légèrement essoufflé par une marche rapide, précipitée, de la station du métro jusqu’à l’entrée du couvent, sonna discrètement à la porte.

Le timbre retentit, se répercutant sous les voûtes lointaines comme un écho. Il y eut un silence de quelques instants. Le guichet grillagé s’entrouvrit, et sans qu’on pût de l’extérieur apercevoir l’interlocuteur ou l’interlocutrice, le journaliste entendit qu’on lui demandait :

— Que désirez-vous, monsieur ?

— Je désire parler à Mme la Supérieure, répondit Jérôme Fandor.

Le guichet de referma, il y eut encore un silence de quelques secondes, puis, la lourde porte s’entrouvrit lentement. Jérôme Fandor pénétra dans le couvent. Sous la première voûte, une religieuse l’accueillit d’un imperceptible salut et se retournant aussitôt :

— Veuillez me suivre, murmura-t-elle.

Pendant quelques instants, Jérôme Fandor, derrière son interlocutrice, longea un étroit couloir, bordé de cellules d’un côté, tandis que de l’autre, par de larges baies, il s’ouvrait sur un vaste cloître rectangulaire, complètement désert. Une porte-fenêtre donnant sur ce couloir était entrebâillée. La religieuse s’arrêta et montrant ce passage à Jérôme Fandor, lui dit :

— Veuillez attendre dans ce salon et avoir l’obligeance de me donner votre carte, je vais prévenir notre mère.

Jérôme Fandor eut le loisir d’inspecter la pièce où il se trouvait. Elle était d’une ordonnance sévère : murs blancs, grand crucifix d’ivoire flanqué de modestes images de piété dans des cadres d’ébène. Quelques fauteuils de tapisserie étaient rangés en cercle autour d’une table ovale : sur le parquet ciré, comme un miroir, quelques petits tapis semblaient vouloir jeter une note de confort bourgeoise et vétuste, dans l’harmonie glaciale de ce salon pour visites officielles.

Jérôme Fandor, bien qu’accoutumé à toutes les misères de la vie humaine, ne pouvait se défendre d’un frisson en songeant à tout ce qu’avaient



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